Compagnie théâtrale des Déniapés

Compagnie théâtrale des Déniapés

Notre Shakespeare au Théâtre de la Fontaine d'Ouche - 14 janvier 2020

« L’Envers de Shakespeare »

Compagnie des Déniapés

Théâtre de la Fontaine d’Ouche

14 janvier 2020

 

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C’est une occasion rare pour une petite compagnie comme celle des Déniapés d’avoir accès à une salle de théâtre de grande qualité, le plus souvent dédiée aux spectacles professionnels. Des moyens techniques conséquents, plus d’une vingtaine de projecteurs et des possibilités d’éclairage de la scène très affinés. A cela, il fait ajouter l’acoustique remarquable de ce lieu de spectacle qui permet une qualité d’écoute autant pour la musique que les voix. Les sièges pour les spectateurs sont de plus très confortables.

 

Pour parachever le tout, la ville de Dijon de Dijon fournit deux techniciens (son et lumière, en l'occurence ce soir-là, Léa et Pierre) qui sont au service de la troupe qui bénéficie de ce lieu. D’un point de vue  développement culturel, c’est un plus considérable qui permet à de petites compagnies théâtrales souvent amateurs d’accéder à des conditions de spectacle comme elles ne profitent pratiquement jamais.  

 

 

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Autant dire qu’il s’agissait de conditions rares pour les Déniapés. D’une certaine façon, l’enjeu était de taille. Quand on a une occasion pareille, on ne la rate pas. Cela donne autant d’énergie que cela met de la pression sur la qualité du jeu. C’est un soir unique dont il faut profiter pleinement, vivre le moment présent dans toutes ses secondes et ses minutes, du départ où on entre dans le théâtre pour l’installation et la préparation jusqu’à l’ultime instant où on en ressort, tard le soir, avec les derniers éléments de décor qu’on ramène à la voiture. Dans les propos échangés la veille au soir après la répétition d’avant spectacle, tout cela tournait dans les têtes, cette exigence joyeuse d’être au niveau du lieu, non pas pour le mériter mais pour en repartir avec la fierté d’avoir grandi, ensemble et individuellement, de cette expérience théâtrale hors de notre commun.

 

Et ce fut le cas ! Pour beaucoup, il y avait davantage que le trac, une véritable peur, celle qui fait ressortir les doutes, les silences plus parlants que de longs discours, aussi les excès de comportement, des mécontentements, des incompréhensions. Et puis, le travail avec les techniciens, la mise collective en énergie, le soutien qu’on se donne ont fait le reste, ont reposé un équilibre nécessaire. Et puis, il s’est produit cette magie si particulière qui crée le lien par les regards, les soutiens sans mots, les sourires, ce je-ne-sais-quoi qui fait savoir qu’à partir de ce moment, on sait que tout ira bien, que le plaisir a pris le pas sur la peur…

 

Et ce fut une très belle représentation, plus qu’on aurait pu l’imaginer nous-mêmes, avec un public très réceptif, participatif et joyeux. Des émotions fortes ont circulé de la scène à la salle, de la salle à la scène, sans discontinuer. Les acteurs se sont lâchés sans retenue, donnant beaucoup de densité à chacun des personnages de l’Envers de Shakespeare, un FX, metteur en scène plus mégalo que jamais, tout comme son compère décorateur José-Raphaël dont la vie est un drame shakespearien. Les deux commères, costumière et maquilleuse, s’en sont données à cœur dans le registre des médisances et du dénigrement, pour le grand plaisir des spectateurs. Un vrai bonheur de dire du mal des autres sans en avoir l’air. Et si on ajoute des deux égéries en mal d’amour, un roi dans sa folie qui débite à qui veut l’entendre que « La jalousie est source de félonie », perdu dans un monde où il n’y a que lui, deux acteurs, l’un dépressif, l’autre trop gentil jusqu’à l’insupportable qui se perdent dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas, un gardien de théâtre qui rêve de Shakespeare mais que personne ne voit, ni ne comprend. Là, s’est jouée sur scène toute la panoplie de l’incompréhension humaine. L’humour féroce, parfois méchant, noir quelquefois, a servi de liant à cette tragicomédie, pendant contemporain de l’univers de William Shakespeare. Il ne manquait plus que lui à la fin du spectacle quand les deux rescapés de ce drame humain s’en vont boire un café au bar d’en face, en espérant des jours meilleurs. Peut-être l’ont-ils rencontré et qu’il a bu un thé avec eux, qu’ils ont refait le monde jusqu’à point d’heure…

 

Le monde qui s’autodétruit dans un éternel recommencement.   

 

 

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Oui, cette soirée a donné du plaisir aux spectateurs, un plaisir profondément partagé.

 

Et puis, d’un autre point de vue,  cette soirée aura été un moment important dans la vie des Déniapés. Une sorte de pierre angulaire qui signifie clairement qu’il s’est passé quelque chose de très important ce soir du 14 janvier 2020. Quelque chose d’indéfinissable mais dont on sait que ça a eu lieu.

 

Presque neuf  ans après la naissance de cette compagnie de théâtre, une nouvelle page s’ouvre à présent

 

 


Enregistrement vidéo du spectacle au Théâtre de la Fontaine d'Ouche

Un film de Laurent Guyenot (un grand merci à lui)



15/01/2020
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