Compagnie théâtrale des Déniapés

Valou...

Valou fait partie de celles et ceux qui ont créé les Déniapés en 2011. Elle participait déjà à l'atelier d'écriture de Suzy Derain au Foyer du Renouveau. 

Son énergie communicative, sa volonté inébranlable malgré les aléas de la vie ont fait d'elle une pièce maîtresse des débuts de la compagnie.

Elle a joué dans les trois premières créations, "Colocs" où elle incarnait une femme  magistrale cherchant à trouver des solutions à une colocation pas très aisée, "Chienne de vie" dans un univers canin et félin au milieu des humains, "Rue Clos d'Eau" qui évoquait avec humour et tendresse l'univers des sans-domicile-fixe. 

Valou et Paul sont les premiers à entrer en scène pour "Colocs" en 2012

Elle avait quitté la troupe pour construire avec son compagnon devenu plus tard son mari, une nouvelle vie à sa mesure, dans un équilibre retrouvé. Nous avions des nouvelles de temps à autre. On se croisait parfois lors d'évènements festifs avec le plaisir infini de se revoir. On évoquait l'idée de prendre le temps d'une soirée pour parler davantage, avoir le bonheur d'échanger comme on le faisait avant chaque semaine. Puis la vie est ce qu'elle est, ce qu'on en fait. Chacun pris dans le rythme de ses activités, on oublie parfois qu'il est possible d'arrêter le temps avant que ce soit lui qui nous arrête. On se disait qu'on allait leur rendre visite à tous les deux du côté de Binges où ils avaient trouvé leur logis. On se disait qu'on avait le temps. 

Les Déniapés en 2013 pour le Festival Intinéraires Singuliers - "Colocs"

Paul, Jacques, Valou, Suzy, Patou et Ricou devant le Bal Monté où ils vont jouer

Et puis merde ! Un jour, par hasard, un mois trop tard, on apprend sa mort, un 13 juin 2022. Elle avait 58 ans. Un article de journal, une annonce froide dans la rubrique décès du Bien Public et d'un site Internet spécialisé dans ce genre d'informations. 

Valou, au centre, lors d'un week-end théâtre dans le Morvan en 2014

Nous n'avons pas pris le temps et c'est lui qui a pris Valou, nous laissant dans l'infinie tristesse d'une vie où nous pensions encore avoir des instants à partager ensemble, avec elle et son mari. 

Puissent ces quelques mots maladroits rappeler que, même si elle n'est plus là sur cette Terre, elle le reste en nous, dans nos coeurs de Déniapés qui portent à jamais cette histoire singulière et fabuleuse de gens qui pensent que, même au fond du trou, la vie vaut la peine qu'on relève la tête, qu'ensemble on regarde haut, plus haut que la douleur, plus haut que la désespérance, plus haut que la mort. 

Valou, de là où tu es, nous espérons que tu entendes tout cela, notre attachement à toi, nos regrets de ne pas être allés au bout de notre idée de retrouvailles, notre richesse commune née de ces années si particulières qui ont fait de nous des nobles et humbles Déniapés qui essaient de tirer leur vie vers la lumière...

Notre mémoire a cette capacité merveilleuse à cultiver cette force de vie née de notre histoire commune, à nous porter vers demain avec de l'espoir, même avec celles et ceux qui ne sont plus là, Paul, Michel, Valou...

La vie est fragile. Cultivons-la. 

"Il y a quelque chose de plus fort que la mort,

c'est la présence des absents

dans la mémoire des vivants."

Jean d'Ormesson

 Valou, Ricou, Patou, Jacques, Suzy et Paul, la bande de "Colocs" en 2012